Quand on faisait les 400 coups à MontaubanDossier réalisé par Nadia C. |
Au XVIIème siècle, Louis XIII décide de rendre plus fort son pouvoir sur les différentes provinces du Royaume de France. MONTAUBAN, considérée comme un carrefour et un centre intellectuel, entre en résistance contre le pouvoir central et refuse de prêter fidélité envers le Roi.
Montauban était une ville protestante.
En ce début d'année 1621, les armées royales convergent vers la cité des bords du Tarn. Louis XIII pense venir facilement à bout de ces irréductibles Montalbanais...
Pour effrayer ses opposants, et hâter la fin du siège, il fait tirer simultanément 400 COUPS DE CANON. La fumée se dissipe et, ô stupeur, Louis perçoit de grands éclats de rire provenant de la cité...Le souvenir restera. On parlera encore longtemps des 400 COUPS DE MONTAUBAN.
Sous la direction du premier consul Jacques DUPUY tout juste âgé de 26 ans, ils ont fait des provisions, engrangés blé et autres victuailles. Près de 20 000 personnes sont retranchées derrière les remparts et les fortifications, prêtes à soutenir l'assaut. Les soldats de Louis XIII s'affairent. Tout est prêt, les coups éclatent comme autant d'orages, une odeur de poudre se répand, sinistre présage...Puis le silence retombe...
Rien ne se passe : leurs voeux n'ont pas été exaucés, les montalbanais ne se rendent pas. Ils ont résisté en s'amusant dans la cité et en faissant bombance pendant que sur les remparts de la ville, déferlent les boulets...
Montauban a gagné la bataille...
Cette résistance glorieuse, cette capacité qu'ont montré les montalbanais à s'opposer à l'injustice sont immortalisés par la persistance de l'expression populaire "Faire les 400 coups".
Par extension, cette expression signifie également faire la fête, dépasser les normes, refuser les conformismes bon teint. Et Montauban est bien alors une cité peu conforme aux volontés et désirs de l'état royal, à l'image du pasteur Daniel Chamier, mort lors des combats de 1621, surnommé "le gros", "une personnalité mal élevée", méprisant les manières de la Cour...
Bien des événements, du XVIIème siècle à nos jours, témoignent de cette sensibilité de Montauban aux injustices et de la capacité de la ville à trouver les formes de résistance pour les combattre. Jeannine Garrisson, montalbanaise d'origine et célèbre historienne du protestantisme, parle des montalbanais du XVII ème siècle comme de gens tumultueux et indociles : les coups de canon pas plus que l'usure du tempsne parviendront à changer un tel tempéremment...
Cher Patrick,
Je viens de prendre connaissance de ton courrier et suis de nouveau stupefait, non pas cette fois-ci par le fait qu'un lycee contribue a diffuser une version erronee de l'histoire, mais par l'attitude incroyable d'un enseignant qui s'abrite derriere "la version officielle de la ville de Montauban" pour justifier cela! Bravo pour la facon dont on enseigne l'esprit critique! J'espere en tout cas que mon courrier donnera a tes eleves (si ils le lisent) l'envie d'ouvrir les yeux et de se poser des questions. Je ne vais pas gloser indefiniment sur le nombre de coups de canons tires contre Montauban: il existe aux archives departementales des documents qui attestent que certains jours, plus de 900 coups etaient tires sur la ville. Ce simple fait renvoie l'histoire des 400 coups au rayon des contes et legendes. Jeanine Garrisson, que vous citez et avec qui j'ai eu l'occasion de m'entretenir sur cette question precise, voit tres justement dans cette histoire une nouvelle version de l'episode des trompettes de Jericho. Autrement dit, il s'agit bien d'un mythe forge bien apres le siege pour faire de Montauban une ville plus forte que Dieu lui-meme. Ce n'est ni plus ni moins que de la bonne vieille propagande dont vous vous etes faits, inconsciemment j'espere, les amplificateurs zeles. Voila en tout cas une belle occase pour tes eleves d'apprendre que l'histoire, ca ne sert pas seulement a raconter des histoires, mais aussi et principalement a eclairer le present. J'ai cru egalement percevoir dans ton courrier une pointe d'inquietude quant a mes motivations. Je tiens a te rassurer: nous ne nous connaissons pas; je ne suis pas enseignant et ne suis pas arme d'intentions agressives. Bien que je me sois adresse a Nadia qui a signe l'article sur les 400 coups, c'est bien a l'ensemble des acteurs qui animent ce site que je m'adressais. Je suis un internaute recent installe tout pres de chez vous, puisque j'habite en Tarn-et-Garonne. J'ai decouvert votre existence par hasard, en lisant au cafe un article qui vous etait en partie consacree par "La Depeche". Quand on est nouveau sur Internet, tu dois le savoir, on est tres attentif a tout ce qui concerne le sujet. Si j'ai choisi de communiquer a l'abri d'un pseudonyme, ce n'est pas pour cacher des intentions inavouables, ni pour m'autoriser des comportements coupables. C'est un choix d'abord motive par le fait que je n'ai aucune envie de voir deborder ce fabuleux moyen de communication -je parle d'Internet- sur mon telephone (je ne suis pas en liste rouge) ou dans ma boite aux lettres. Il est pour l'instant si simple et si agreable de pouvoir echanger et discuter par e.mail! Sur Internet, mon nom est donc Diogene: je peux ajouter que je suis un homme de 34 ans, marie et bientot pere de famille. Que ce faux anonymat qui vous liberera de la tentation de me contacter par d'autres biais que celui-ci ne vous empeche pas de poursuivre le dialogue. Je reste ouvert a la discussion pour peu qu'elle soit, non pas "politiquement correcte", mais intellectuellement honnete.
A tout bientot j'espere.
Diogene.
Nous avons demandé à Diogène de nous envoyer la version historique du siège de Montauban, avec quelques extraits des précieux documents dont il nous parle...
Olympe de Gouges (1748 - 1793). Première militante féministe en un temps où les femmes n'avaient pas droit à la parole, elle écrit la Déclaration des droits de la Femme en 1791. Patriote et révolutionnaire, elle sera guillotinée sous la Terreur. |
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Hugue Panassié est une des figures majeures de la popularisation de Jazz. Il créa le Hot-Club de France et s'installa à Montauban en 1939 pour y demeurer jusq'à sa mort en 1974 | |
Daniel Cohn-Bendit est né à Montauban où ses parents, juifs allemands s'étaient réfugiés avant la guerre pour fuir les persécutions nazies. Il réveilla la France au printemps 68. Aujourd'hui, il est une figure marquante des Verts en Allemagne. |
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